La Prière Universelle dans les Célébrations eucharistiques
1 – La Prière Universelle (PU) : ce qu’en dit la PGMR[1] :
§ 55 – « .. nourri (par la Parole), (le peuple de Dieu) supplie avec la Prière Universelle pour les besoins de toute l’Église et pour le salut du monde entier. »
§ 69 – « Dans la prière universelle, ou prière des fidèles, le peuple répond en quelque sorte à la parole de Dieu reçue dans la foi et, exerçant la fonction de sonsacerdoce baptismal, présente à Dieu des prières pour le salut de tous.
À ce moment de la messe, nous sommes tournés vers Dieu dont nous venons d’écouter la Parole et dont nous portons l’Espérance pour la vie de tous les hommes ; et nous exposons au Père, au nom de l’Église, ce qui manque, en quelque sorte, pour que son règne advienne.
Ayons conscience que les intentions de prière seront les paroles que Dieu lui-même met au cœur de son peuple (ainsi que le disent certaines des conclusions proposées par les missels), elles ne sont pas NOS paroles.
Cela implique que, nous pourrons, lors de la préparation, nous mettre, en conscience, sous le regard de Dieu, afin de recevoir l’aide de son Esprit, pour bâtir la prière la plus juste possible.
Un formulation qui nous vient du service de la PLS[2] du Canada :
« La préparation de la prière universelle est une responsabilité importante, car dans cette prière se rencontrent les lectures de la parole de Dieu, la vie du monde et celle de l’assemblée célébrante ; ce sont les « trois sources » pour (cette) préparation…Toute prière puisée à une source extérieure – revue, livre, site internet – devrait donc être adaptée et ajustée à la situation du monde et à la vie de la communauté.
Le conseil d’un curé de paroisse à ses équipes liturgiques : « Ayez la Bible dans une main, et le journal de l’autre ». On pourrait rajouter la télé et les réseaux sociaux…
Pensons toujours que nous ne préparons pas « notre » prière, mais que nous sommes, en quelque sorte, courroie de transmission, Intermédiaires, entre les hommes et Dieu.
On ne prie pas, pour une idée, un changement souhaité ; on ne prie pas « pour que… ». On ne prie pas, par exemple, « pour la paix », mais plutôt « pour les artisans de paix ».
Il nous faut ancrer nos PU dans une temporalité (ici et maintenant, vers un avenir), et les fonder sur des expériences concrètes.
Sur le plan pratique, on peut prévoir une possibilité d’intention « de dernière minute » pour le cas où un événement qui se produirait ici où là, justifierait la prière du Peuple de Dieu.
À l’inverse, sachons « ouvrir les yeux à l’avance » sur les évènements prévisibles, datés. Un exemple : la journée nationale sur le cancer avait lieu cette année un dimanche… il aurait pu être pertinent de prévoir une intention de PU pour l’occasion…
§ 70 – LES INTENTIONS seront habituellement :
a) pour les besoins de l´Église
b) pour les dirigeants des affaires publiques et le salut du monde entier,
c) pour ceux qui sont accablés par toutes sortes de difficultés,
d) pour la communauté locale.
Les besoins de l’Église : Il convient de ne pas réduire cette intention « au Pape, aux évêques, aux prêtres et aux diacres » … pour lesquels on priera spécifiquement dans la Prière Eucharistique. C’est des besoins de l’ensemble du peuple de Dieu, qui constitue l’Église, dont il est question ici.
La communauté locale, pour laquelle il est prévu de prier, comprend également les absents… Elle ne se réduit, donc, pas à « l’assemblée » présente ce jour, ni à « nous tous »… Il existe, également dans la Prière Eucharistique, uneprière pour l’assemblée « Sur nous tous, enfin, nous implorons ta bonté…» ( PE II) ou « Écoute en ta bonté, les prières de ta famille, que tu as voulu rassembler devant toi … » (PE III).
On priera toujours pour des personnes, ou des groupes de personnes
À partir d’observations, de faits d’actualité, de la vie paroissiale, diocésaine, nationale, internationale, on ouvre la prière à l’universalité.
En bannissant les généralités qui sont interchangeables d’un dimanche sur l’autre, et qu’on appelle parfois la « langue de buis », la PU veillera à coller au plus près à la réalité vécue aujourd’hui.[3]
La PU, lors des messes dominicale et des solennités, n’est pas le lieu d’ intentions personnalisées (« nous te prions pour Untel »), qui seront par contre exprimées lors de messes spécifiques (mariage, funérailles…). À la messe dominicale, il y a un temps prévu pour des intentions particulières, dans le « mémento des vivants » de la Prière Eucharistique
§ 71 – Il faut que les intentions soient sobres, composées avec une sage liberté et en peu de mots, et qu’elles expriment la supplication de toute la communauté.
Elles sont dites de l’ambon, ou d’un autre lieu approprié, par le diacre, un chantre, un lecteur ou un autre fidèle laïc
Le peuple, debout, exprime sa supplication, soit par une invocation commune après chacune des intentions, soit par une prière silencieuse.
Il nous faudra faire des phrases simples et courtes et faire attention aux erreurs de tournure de phrase, aux ponctuations, aux coordinations inadéquates.
Ces phrases doivent être immédiatement compréhensibles à l’audition.
Un conseil, lors de la préparation : qu’une personne lise le texte prévu aux autres, sans que celles-ci aient le texte sous les yeux, puis modifier ce qui doit l’être à partir des commentaires des personnes qui écoutaient.
La prière n’est pas uniquement prière de demande, il peut parfois être pertinent d’y rendre grâce. Par exemple : « Nous te bénissons pour… » et, éventuellement ensuite : « et nous te prions pour… »
D’un dimanche à l’autre, il est souhaitable de varier les formulations.
En tout cas, sortons du « prions pour… afin que… » qui semble transformer Dieu en magicien ou en « pompier de service ».
Veillons à conserver une unité des phrases, une même construction, une même forme dans toutes les intentions d’une même prière.
Si les différentes intentions doivent être, pour une célébration particulière, écrites par plusieurs intervenants, il peut être nécessaire qu’elles soient rectifiées dans leur forme, pour rétablir une unité de l’ensemble. Ce qui demande anticipation et coordination.
C’est généralement au Père que s’adresse la PU, quel que soit le nom qu’on lui donne à chaque fois (Dieu, Seigneur, notre Père…), il est, donc, nécessaire que le refrain s’adresse à la même Personne que les intentions. C’est le refrain lui-même qui constitue, à proprement parler, la prière.
Le refrain pourra, parfois, être remplacé par un temps de prière silencieuse.
On a le droit d’être inventifs (la « sage liberté » recommandée par la PGMR) : les 4 types d’intention qui figurent dans le rituel ne doivent pas être pris comme un carcan ; il peut y avoir seulement 3 intentions, ou bien y en avoir plus de 4, si cela s’avère pertinent.
La PU nous est inspirée par Dieu lui-même ; elle peut se dire depuis l’ambon. Si elle est lue depuis l’assemblée, face à l’autel, elle méritera d’autant plus son appellation de « prière des fidèles ».
2 – Quelques remarques complémentaires issues de nos échanges
Nous nous sommes demandé s’il était juste de dire « nous te prions, Seigneur » plutôt que « prions le Seigneur ». De fait, les deux formulations sont pertinentes : avec la première, par la voix du lecteur, l’assemblée fait monter sa prière vers le Père, et avec la seconde, le lecteur incite ses frères et sœurs à s’approprier la prière dite.
Il est souhaitable d’éviter ce qui pourrait paraître comme de la morale, « ne pas (faire) culpabiliser » ceux qui entendent les intentions de prière.
Les « phrases d’introduction » (des citations de la Parole souvent) alourdissent parfois le texte. À l’inverse de l’homélie, la prière universelle n’a pas une visée pédagogique ni catéchétique.
Éviter les accumulations dans une même intention (« prions pour… et aussi pour… et… ») : ne mettre qu’une seule demande par intention. Plus les phrases seront simples, plus elles permettront à l’assemblée d’entrer dans la prière.
Enfin, veiller à l’homogénéité de la formulation des intentions (rythme, longueur des phrases, vocabulaire…) : il arrive que chacune, prise à part, soit « intéressante » mais mises à la suite les unes des autres « ça ne va plus ».
En guise de conclusion,
et à partir d’une citation du service de PLS du Canada :
« … il ne faut jamais oublier l’essentiel pour la prière universelle : elle est une prière. Outre sa préparation, il faut aussi penser sa mise en œuvre pendant la célébration : il s’agir de prier et de faire prier. »
Sachons, donc, ménager des temps de silence, d’intériorisation et de respiration. Pour le lecteur, l’assemblée et l’éventuel accompagnement musical.
Compte-rendu rédigé par Marie-Noëlle SADOULET
[1] Présentation Générale du Missel Romain : c’est le rituel de la messe – Publiée en 2008 sous le titre « L’art de célébrer la Messe », la `PGMR se trouve également au début du Missel d’autel.
[2] Pastorale Liturgique et Sacramentelle
[3] Une intention revient souvent, sous diverses formulations, en ce qui concerne les personnes en difficultés diverses : « … qu’elles trouvent auprès d’elles des personnes qui… ». En partant d’exemples concrets, demandons plutôt au Seigneur (par exemple) la mise en route d’aidants : « … donne-nous de savoir nous en faire proche… »