
Témoignage
Jubilé des jeunes 2025
Je suis partie à ce Jubilé des jeunes en quête de lumière.
Non pas une lumière qui brille seulement à l’extérieur, mais celle qui éclaire les profondeurs de l’âme, celle qui guérit ce que l’on croyait irrémédiablement brisé et caché.
Ce Jubilé des jeunes 2025 à Rome n’était pas pour moi seulement une destination ou une découverte, mais plutôt un pèlerinage intérieur, une reconnexion avec mon moi d’avant, cette fille que je percevais comme plus proche de Dieu, plus solidaire, plus aimante et plus humble.
J’avais soif.
Soif d’une foi plus forte, plus ancrée en moi, plus vivante.
Soif d’approcher Dieu non pas de loin, mais de près, comme l’enfant qui se blottit dans les bras de son Père, je voulais l’accepter, le reconnaître naturellement.
Dieu via ce jubilé, a fait voir le jour à des souvenirs oubliés et cachés dans ma mémoire, des blessures que je n’avais pas envie de me rappeler sur le moment… Mais pendant les prières, les temps de méditation, le partage avec l’autre, les messes et les visites des lieux historiques et
sacrés, m’ont poussé à les confronter ; obligée par une force immense qui m’était inconnue, j’ai senti comme un murmure qui m’ordonné de réfléchir à mon passé même pendant mon sommeil.
Ce père absent dans ma vie, que j’avais décidé d’effacer, d’oublier.
En moi résonnait encore l’écho des blessures anciennes, enchainée par la tristesse et la peur, La peur de pardonner.
J’ai alors compris pendant ce Jubilé, que je venais d’une histoire marquée par les ombres.
Un père prisonnier de l’alcool, violent comme la tempête qui détruit.
Une mère dépassée, elle aussi violente, consommée par le mal qu’on lui avait causé comme si l’amour et la bonté avaient fui notre maison.
Mon enfance fut tissée de pauvreté et de solitude.
Je grandissais sans soutien, sans refuge, apprenant à me taire quand j’aurais voulu crier, car à cet instant de mon enfance je n’avais pas conscience de la présence du Seigneur.
Puis un départ vers la France m’a conduite sur une terre nouvelle.
J’y ai trouvé une autre vie, mais pas la compréhension.
Ni moi je ne comprenais les autres, ni eux ne me comprenaient.
Je me sentais étrangère partout, abandonnée par tous.
Et sur ce chemin de Rome, le poids du passé s’est rappelé à moi.
Ma cheville s’est foulée.
La douleur me brûlait à chaque pas, mais je refusais de m’arrêter, mon corps était épuisé.
Je me disais en silence :
« Que cette douleur soit ma pénitence pendant ces jours.
Je veux souffrir, car je crois être la seule fautive des malheurs que j’ai vécus. »
Comme si mon corps devait payer ce que mon cœur portait en secret.
Pourtant, dans ce combat intérieur, quelque chose se révélait.
Peut-être que cette blessure physique était le miroir des blessures intérieures que je n’osais pas regarder, ces blessures que je ne voulais pas lâcher.
Et pendant ce Jubilé, Dieu a commencé à exposer et guérir.
Chaque pas douloureux devenait un pas vers le dépouillement, un pas vers une vérité plus grande que moi, plus grande que tous.
Nous avons laissé derrière nous notre confort.
Pas de luxe, pas de superflu : nous mangions simplement, ensemble, assis côte à côte.
Le repas n’était plus seulement nourriture, il devenait partage, un moment humain de rencontre et de joie, où chacun offrait un sourire, une histoire, un morceau de lui-même.
Dans cette simplicité et humilité, j’ai découvert une autre forme de richesse : celle de la communion des cœurs, où Dieu est présent, dans le pain partagé par tous sans exception, et dans l’amitié qui s’est tissée.
Le dernier jour du Jubilé, je me suis isolée.
Comme si mon âme avait besoin de silence pour entendre.
Pendant la messe finale, je percevais chaque mot, chaque chant, mais j’étais ailleurs, suspendue dans mes pensées.
J’écoutais sans être vraiment présente, comme si une voix plus profonde parlait directement à l’intime de mon cœur.
Alors j’ai compris : j’avais besoin d’être épuisée physiquement pour lâcher prise, pour que mes forces tombent, et qu’un souffle plus grand puisse enfin entrer en moi.
Mon cœur était fermé depuis tant d’années, endurci par la peur, la colère et l’incompréhension.
Et pour l’ouvrir, il fallait d’abord que je tombe à genoux, vidée de cette carapace forgée par le temps, vidée de moi-même, pour laisser l’amour trouver sa place en moi, pour accueillir Dieu et sa Grâce.
Je ne suis pas parfaite.
Je trébuche, je tombe, je me relève.
Je fais des erreurs et je recommence.
Mais j’ai compris qu’à chaque fois, je choisis de revenir.
Car c’est là que je trouve la paix, auprès de Lui.
A chaque fois que mes genoux touchent la terre, mon âme s’élève.
Mon corps se repose, mon esprit s’apaise, et mes inquiétudes s’en vont avec le vent, fait que le jubilé m’a aidé à comprendre.
Alors, dans le silence, je me répétai à moi-même :
« Que ta volonté soit faite, Seigneur. »
Et dans ce souffle de foi, j’ai senti naître une transformation une fois le jubilé terminé :
De jeune fille à femme, de blessée à consolée, de perdue à retrouvée.
Ce Jubilé a aussi été une rencontre avec les autres.
Car la foi n’est jamais un chemin solitaire, j’ai mis du temps à le comprendre, elle se vit dans le regard de ceux que l’on croise, dans les sourires partagés, dans les silences habités par la même quête.
J’ai compris que je n’étais pas seule.
Chacun portait une histoire.
Chacun venait avec ses blessures, ses questions, ses espoirs.
Certains souriaient pour cacher leurs larmes, d’autres avançaient avec une force que j’admirais.
J’ai appris à prier avec Marie, à répéter le chapelet en français, et chaque « Je vous salue Marie » est devenu une caresse pour mon âme, un dialogue intime avec le ciel.
Dans ses prières, et dans cette bonne sœur qui s’est assise sur le sol avec moi, j’ai trouvé la paix, dans sa présence, une lumière douce s’est allumée, ce simple échange m’a appris à marcher avec confiance, à espérer, à croire, à aimer.
Nous avons découvert des lieux qui touchent l’âme.
Les trois Portes Saintes se sont offertes à nous, symboles de foi, de pardon et de renouveau.
Passer chacune de ces portes était comme franchir un pont vers le Tout-Puissant, sentir sa présence de plus près, ouvrir son cœur à la prière et à l’espérance.
Chaque prière, chaque monument, chaque église, chaque silence révélait une beauté qui dépasse les mots, et j’ai senti que ces lieux sacrés et spirituels n’étaient pas seulement à Rome, mais en chacun de nous, prêts à nous accueillir dans la lumière.
Nous avons partagé des temps d’enseignement avec l’évêque du diocèse de Saint-Étienne. Il parlait avec simplicité et humilité, chaque enseignement me touchait profondément.
Les sujets étaient précis, parfois difficiles, mais toujours éclairants, pleins de sagesse et de vérité.
Ces moments m’ont ouvert les yeux et le cœur : j’ai appris à réfléchir, à questionner, à écouter, et à laisser la foi guider mes pas. J’ai compris qu’il n’était point question de bonne ou mauvaise religion, mais de Vérité.
Et dans cette foule immense des deux derniers jours, je voyais des milliers de vies différentes, mais toutes appelées par le même amour.
J’ai vu une merveille : 1,5 million de jeunes, chrétiens et non-croyants, accueillies sous le regard de Dieu.
J’ai compris que l’amour de Dieu ne se limite pas à ceux qui connaissent Son nom.
Il est présent pour chacun, pour celui qui doute, pour celui qui cherche, pour celui qui n’a pas encore trouvé la vérité.
Dans cette foule immense, j’ai senti la grâce : Dieu nous invite tous, sans condition, sans barrière, à marcher ensemble, à partager, à tendre la main et à accueillir l’autre.
Même si parfois, nous oublions l’autre, même si des fois, il est dur d’accepter l’autre.
Alors j’ai senti une vérité profonde : Dieu n’était pas seulement mon refuge, il était le refuge de tous.
Celui qui nous rassemble malgré nos langues, nos cultures, nos passés, celui qui transforme une foule étrangère en une seule famille.
Mon cœur s’ouvrait en voyant que son amour n’exclut personne.
Un moment a marqué mon âme plus que les autres.
J’ai vu quelqu’un croire pour la première fois.
Ses yeux se sont levés, emplis d’une lumière nouvelle.
C’était comme un feu qui s’allumait doucement, une étincelle fragile mais éclatante.
Et ce feu m’a donné de l’espoir.
L’espoir que rien n’est perdu, ni pour lui, ni pour moi.
L’espoir que même les cœurs les plus fermés peuvent un jour s’ouvrir à la grâce.
Ce regard, ce moment, m’ont appris à espérer à nouveau, non seulement en Dieu, mais aussi en moi-même.
Ce Jubilé, je ne l’ai pas seulement traversé, je l’ai vécu.
Chaque pas, chaque chant, chaque silence a laissé une empreinte dans mon âme.
Je suis rentrée transformée, comme personne auparavant, comme être, comme femme, comme catholique.
Les questions que je portais depuis tant d’années ont trouvé des réponses.
Les doutes qui pesaient sur mon cœur se sont dissipés.
J’ai compris que la foi ne se mesure pas dans la perfection, mais dans l’élan du cœur qui cherche à aimer, à pardonner, à s’ouvrir.
Pour être sincère avec vous, j’ai senti la force du destin, comme si Dieu déposait ses pions sur ma route,
traçant doucement un chemin vers lui devant moi.
Même si j’étais éloigné de Lui, Il voyait en moi ce dont j’avais le plus besoin, et m’offrait exactement ce qui pouvait me faire grandir et guérir.
Il m’appelait, plus fort que tout, et m’a laissé le choix de marcher vers Lui.
Soudain, me voilà au Jubilé, entouré d’un groupe formidable, accueillant, où chaque sourire, chaque échange semblait écrit pour moi depuis toujours.
Je vois le Seigneur comme une main, mais une main qui nous guide, qui voit nos besoins avant nous-mêmes, une main qui retrouve le mouton égaré
et le ramène doucement vers le troupeau, pour lui éviter tout danger.
J’ai compris nous pousse en respectant notre liberté, vers la rencontre, la joie et la foi, Dieu nous laisse les outils, les clés pour ouvrir les portes du bonheur, de l’amour éternel.
Lors du Jubilé des Jeunes, j’ai appris quelque chose de profond : l’Homme reste libre, maître de ses choix, et parfois, il devient maître de ses malheurs.
Nous ne suivons pas toujours la parole de Dieu, et c’est ici que surgissent les épreuves, les blessures et les conflits.
Mais même dans nos erreurs, nous restons responsables de ce que nous faisons.
Chacun de nous est fait de bons et de mauvais choix, et ces choix façonnent notre vie et notre entourage, nous conduisent vers la paix ou vers la guerre.
Dieu nous guide, il montre le chemin,
mais il respecte notre liberté, et nous laisse marcher, tomber et nous relever.
Dans ce pèlerinage, j’ai trouvé la réconciliation avec moi-même et avec Dieu.
Avec mes blessures, mes erreurs, mes peurs.
J’ai compris que la paix ne vient pas en fuyant le passé, mais en l’accueillant et en le déposant entre les mains de Dieu.
J’ai grandi dans le souffle de cette expérience, non seulement dans ma foi, mais dans ma manière d’être au monde, dans mon rapport à l’autre.
Je porte maintenant en moi une paix que je n’avais jamais connue, et la certitude de ne jamais être seule.
Le Jubilé n’était pas fait pour durer quelques jours, il était une semence, de la parole, de la vérité, déposée dans mon cœur, appelée à grandir dans ma vie ordinaire, dans mes gestes simples du quotidien, dans mes choix de chaque jour.
La réalité peut sembler fade après ce temps fort, mais Dieu est toujours là, il a toujours été à mes côtés et c’est à moi de garder vive
la lumière reçue à Rome.
Depuis ce Jubilé, c’est comme si un souffle neuf m’habitait : je respire mieux … Car Dieu m’a donné une paix qui allège mon cœur.
L’amour qui m’a portée à ce Jubilé continue de me guider chaque jour.
Sachez que Dieu est amour, alors laissez-le vous aimer, avec vos imperfections, vos erreurs et vos craintes.
Sol Centurion

